H  A  I  K  U     S  P  I  R  I  T
Damien Gabriel





volets mi-clos
un rayon de lune se faufile
et m’éveille

 

 

 

nuit de pluie et de vent
ce matin, feuilles et branches
jonchent le chemin

 

 

 

lumière d’automne –
ombres étirées
même à midi

 

 

 

matin d’hiver
maison endormie
odeur du café

 

 

 

bruine d’automne –
perles d’eau sur les feuilles
courbées des iris

 

 

 

jardin en hiver –
sous la haie de lauriers
une balle oubliée

 

 

 

rue de printemps –
parapluies multicolores
éclos sous l’averse

 

 

 

le soleil couchant
traverse la maison –
rayon de poussières d’or

 

 

 

douceur d’avril
la rue, plus court vêtue,
montre ses jambes

 

 

 

le trottoir n’est plus
que pétales de cerisiers –
les fouler, quel dommage !

 

 

 

au fond du bol
mon visage sur le miroir
du café noir

 

 

 

ruelle ensoleillée
une femme en jupe courte
à contre jour

 

 

 

à l’heure de la sieste
le banc de pierre paraît
beaucoup moins dur …

 

 

 

astiquées par le mistral
la lune et les étoiles
redorées à neuf

 

 

 

les enfants grandis,
seul le vent joue encore
à la balançoire

 

 

 

l’automne s’avance –
l’ombre de la haie s’approche
de la maison

 

 

 

fraîcheur des draps –
à l’heure du coucher
un frisson sur sa peau

 

 

 

pointillés
sur la terrasse enneigée –
le chemin du chat

 

 

 

radio réveil –
arraché au sommeil
par le fracas du monde

 

 

 

au bout de la grève
les pales des éoliennes
brassent le bleu du ciel

 

 

 

le reflet de la lune
dans ma tasse de tisane
je l’ai bu aussi !

 

 

brise de juin –
flux bleu, reflux vert
des champs de lin

 

 

 

dans le vide laissé
par le silence des cigales
la première étoile

 

 

 

volets entrebâillés –
dans le feuillage des chênes
des instants d’azur

 

 

 

une étoile filante !
encore pris au dépourvu
pour choisir un vœu …

 

 

 

à même le sol
un sans abri couché –
le flot des passants

 

 

 

fin de réunion –
gobelets de café vides
sur les tables

 

 

 

ciel d’encre –
la courbe parfaite
d’un arc-en-ciel

 

 

 

crépuscule d’automne –
les rails luisants du tramway
dans la rue déserte

 

 

 

vent du nord –
la fumée soufflée net
au ras des cheminées

 

 

 

hospice
une fenêtre éclairée –
nuit de Noël

 

 

 

soleil couchant –
les tours de verre
s’allument






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