T  H  E     F  I  S  H  I  N  G     C  A  T     P  R  E  S  S


A Cause d'une Mouette
Un receuil de haïku de Gilles Fabre


Critiques


1. SIMPLY HAIKU

Traduction de la critique de Robert D. Wilson, Rédacteur en chef de du site Simply Haiku (cliquer ici pour la critique en ligne anglaise Review

Revue trimestrielle, Printemps 2006, vol 4 no 1

Gilles Fabre, un poète français qui vit en Irlande, considère que le haïku est plus qu'une discipline littéraire. "Un haïku, dans son essence et son esprit, dévoile quelque chose que beaucoup n’ont pas remarqué ni senti, ou n’ont pas daigné vivre. Le Haïku, est un délicat raccourci vers le cœur de la Nature et notre vie de tous les jours". L'Art est subjectif. Quelqu'un pense quelque chose, quelqu'un d'autre pense différemment. Moi aussi, je considère que le haïku est plus qu'une discipline littéraire. C'est un chemin, mais notre façon de suivre ce chemin, ce que l'on y voit, et la direction que l'on prend sont un choix personnel. Ceci dit, il est très agréable de rencontrer un poète qui prend le chemin du haïku au sérieux, dépasse les rudiments de cette forme, et, comme ceux qui ont fondé le haïku, fait preuve d'un grand respect envers la nature. Ecrire un haïku est plus qu'écrire et savoir comment utiliser une formule.

Même dans ma poche ~
elle est partout ce matin
cette brise printanière

Gilles Fabre aime la vie et prend le temps de voir et d'apprécier que que certains considèrent peut-être comme acquis.

Avec cette brise océane
trois ou quatre mouettes
passent entre les poteaux de but

Fabre possède également un sens de l'humour très plaisant :

Juste assez grand
l'oeil-de-boeuf des toilettes du pub ~
pleine lune d'été

Ainsi qu'un sens de l'observation très pointu et une certaine ironie : 

Presque tous en fleurs
les coquelicots que ma voisine a plantés
avant de mourir

Même si l'auteur parle d'un recueil de haïku, en fait ce recueil comprend des senryu et des haïku. Il y a haïku et senryu. Ces deux formes sont différentes, même si elles sont liées. Pourtant, comme le font beaucoup de revues et magazines contemporains et en ligne, Fabre mélange les deux genres sans mettre d'étiquette.

SENRYU

Le courant est revenu ~
j’éteinds pour reprendre
ma lecture à la bougie

HAIKU

Montre-moi,
oiseau chétif pris dans les bourrasques,
comment affronter l’hiver

En conclusion, j'aime ce recueil de Gilles Fabre. La majorité des poèmes sont bien écrits, ne tombent pas dans le même modèle, possèdent un rythme certain et plus d'une couche sémantique. Et certains sont inoubliables :

Extirpant la souris
du piège ~
comment vais-je mourir ?

Sur la glace, près
des saumons d’élevage, ceux
qui ont traversé l’océan



2. NEW HOPE INTERNATIONAL REVIEW

Critique de John Ballam, responsable de
New Hope International Review (revue indépendante de poésie)

L'importante reconnaissance dont bénéficient les poèmes de Gilles Fabre est impressionnante ; notamment le choix des commentaires en quatrième de couverture de son premier recueil de haïku. Ces félicitations d'un grand nombre de poètes et de leaders d'organisations de haïku dans le monde sont un hommage approprié pour ce qu'a accompli Gilles Fabre. S'il est lui-même rédacteur en chef et éditeur de haïku, recevoir tant de louanges pour son travail de la part de critiques d'Europe, d'Amérique et d'Asie doit être une source de satisfaction.

BECAUSE OF A SEAGULL est sans aucun doute emblématique du style discret de Gilles Fabre. Ce recueil est réalisé avec style et contient une centaine de haïku, en général deux par page et certaines fois, un par page, séparés de temps en temps par un dessin en noir et blanc, légèrement ironique, d'une mouette. Et c'est cette touche, cette délicatesse, cette régularité capricieuse, mais toujours méticuleuse, qui définissent le style de ce poète. Il est profond, comme on peut le voir dans sa courte introduction dans laquelle il annonce qu'écrire des haïku peut nous fait prendre conscience qu’il faut respecter ce monde aussi fragile que transitoire dans lequel nous vivons mais peut également apporter à certains illumination et plénitude. Seul un vrai poète pourrait faire ce rapprochement, car il y a peu d'autres domaines dans lesquels la "conscience" mène naturellement au "respect". Mais en dépit de tout le sérieux avancé dans l'avant-propos et l'ambition, rien dans ces poèmes n'est prétentieux ni formel. Voici quelques exemples :

Il cherche sa monnaie
ce vieillard,
la chemise à l’envers

Sous le soleil
le poissonnier pousse aussi
la camionnette du boucher

Après la messe
le prêtre se ragenouille
pour verrouiller la porte de l'église

Fin de journée ~
un vieux barbier
rase un vieil homme

Juste quand je pensais
oublier cette journée :
une coccinelle sur ma guitare

Coucher de montagne ~
parmi les pins
un arbre aux feuilles rouges

Je suis tenté de continuer encore et encore. Dans ses poèmes sur la nature, mais plus encore dans ceux qui traitent des gens, je trouve quelque chose de très personnel et très honnête. Il n'y a pas d'imitation, pas de jeu ici, et beaucoup de ses haïku sont saisissants de par leur simplicité, offrant juste assez pour rendre l'expérience de l'auteur d'un moment précis aussi unique et pourtant si parfaitement partagé.

Ce recueil est une édition limitée mais si vous avez la chance de trouver un exemplaire, appropriez-vous le par la lecture et, pour qu'il soit plus encore à vous, partagez-le avec les autres.



3. MICHAEL McCLINTOCK


Cet ouvrage est le premier recueil de haïku de Gilles Fabre, membre et leader du groupe Haiku Ireland (website) basé à Dublin en Irlande qui s'agrandit de jour en jour avec des poètes renommés et nouveaux comme Roberta Beary, Ernest J. Berry, Glenda Cimino, Neville Keery, Sean Macmathuna, Maeve O'Sullivan, Jim Norton.

Gilles Fabre, rédateur en chef du site bilingue de haiku Haiku Spirit, est né en France et réside aujourd'hui en Irlande où il travaille dans le monde du sport après avoir été enseignant et traducteur freelance. Il est titulaire d'une Maîtrise de Traduction à la Sorbonne (Paris) qui portait sur la traduction de poèmes de l'auteur anglais Philip Larkin. Il écrit des haïku depuis le milieu des années 1990.

Les poèmes de Gilles Fabre se caractérisent par un aspect lyrique et personnel et traduisent son enthousiasme pour le monde qui permet au lecteur de partager et pénétrer paisiblement ses expériences, comme avec un bon ami :

Même dans ma poche ~
elle est partout ce matin
cette brise printanière

Mon livre préféré ~
je m’en vais le lire
sous ces cerisiers en fleur

Averse du soir ~
dans le pub
je trouve un parapluie

Dans son avant-propos, Gilles Fabre fait part de sa conviction que le haïku est plus qu'une discipline littéraire ou poétique : la Voie du Haïku est une manière de vivre". Il décrit l'écriture du haïku comme "une esquisse objective d'un moment privilégié" et explique la philosophie qu'il décèle dans cette poésie : "Suivre la Voie du Haïku nous fait prendre conscience qu’il faut respecter ce monde aussi fragile que transitoire dans lequel nous vivons mais peut également apporter à certains illumination et plénitude car cette Voie est une recherche personnelle, parfois une quête spirituelle pour vivre pleinement dans un monde meilleur. Suivre la Voie du Haïku équivaut aussi à reconnaître que chaque moment et chaque expérience que notre vie nous procure sont importants et que chaque être vivant que nous pouvons croiser sur notre chemin compte et mérite toute notre attention et notre humble compassion."
 
Ses haïku couvrent la ville et la campagne, exprimant clairement cet environnement du poète et son sens. Gilles Fabre a une vision qui réfléchit sur le monde naturel notamment lors de la présence de gens dans celui-ci. Les scènes qu'il peint ne sont pas des natures mortes mais sont vivantes et habitées par des gens et d'autres créatures. Voici trois exemples qui révèlent la sorte de compassion dont il parle dans l'extrait précédent :

Sous le soleil
le poissonnier pousse aussi
la camionnette du boucher

Presque tous en fleurs
les coquelicots que ma voisine a plantés
avant de mourir

Fin de journée ~
un vieux barbier
rase un vieil homme

Pour les créatures de la terre, Gilles Fabre fait preuve d'une curiosité similaire et d'un sage et délicat sens de l'humour  :

Moutons sous la pluie ~
qu’est-ce qui pourrait bien
les faire cesser de paître ?

Et encore une fois, dans le poème suivant, et dans beaucoup d'autres sur les 104 que ce receuil comprend, Gilles Fabre provoque un enthousiasme qui me fait envie de relire l'ouvrage de William James : Varieties of Religious Experience, ou, en tous les cas, son essai : "The Will to Believe."

A la source du ruisseau
je plonge ma main
et bois

La conviction de Gilles Fabre que le haïku est plus qu'un genre littéraire, qu'il est ou qu'il peut être au centre d'une philosophie qui augmente notre pouvoir d'influer sur les choses qui se passent dans notre monde, que le haïku est une sorte d'acte, est toujours discrètement présente sans jamais surcharger le travail simple et direct de ce poète. Lorsqu'il écrit le poème suivant, nous découvrons quelque chose, apprenons au même moment que lui :

Dans ce monde
où des hommes s'entretuent
j'embrasse mon fils pour la première fois

Peu de poètes de haïku se risqueraient à encadrer le contenu délicat de ce poème avec une déclaration si générale (et indiscutable). Mais Gilles Fabre réussit ce tour de force grâce, selon moi, à la juxtaposition de cette abstraction si dure avec une longue troisième ligne qui a une force lyrique aussi immédiate que convaincante. Cet auteur tient bien son gouvernail et se dirige clairement vers la vérité.

Cet ouvrage est un remarquable premier recueil de la part d'une nouvelle voix importante dont la lecture est hautement recommandée.


4. BLITHE SPIRIT

Revue de la British Haiku Society (Association britannique du haïku)
Volume 16/3, 2006
Critique d'Annie Bachini (version anglaise)


Ce recueil qui comprend un peu plus d'une centaine de haïku, répartis en quatre saison, possède un dimension méditative. Il n'est par conséquent pas surprenant de lire dans l'avant-propos destiné au lecteur que Gilles Fabre considère que le "haïku – cette objective esquisse d’un moment privilégié – est plus qu’un genre littéraire ou poétique : la Voie du Haïku est une manière de vivre".

Ce qui frappe en ce qui concerne les haïku de ce recueil est leur authenticité. Il y a également une démarche, un ton qui donne l'impression au lecteur que Gilles Fabre lui parle à lui seul, l'attirant ainsi dans le monde de l'auteur. Et du fait du "minimalisme" du contenu, on a une impression d'intimité. Je n'ai jamais rencontré Gilles Fabre mais, à la lecture de Because of a Seagull je me demande si, en plus d'être un haïkiste, il n'est pas un raconteur.

Parfait signet
s'il était plus long
mon cheveu blanc

Faibles pépiements ~
je m’arrête de lire
pour attiser le feu

L'importance du monde de la "nature" dans sa vie se décèle encore et encore, la majorité de ses haïku établissant un lien entre l'expérience humaine et la nature plutôt que présentant la nature comme une entité séparée, observée à distance.

Même dans ma poche ~
elle est partout ce matin
cette brise printanière

Juste quand je pensais
oublier cette journée :
une coccinelle sur ma guitare

Gilles Fabre ne manque pas non plus d'humour ou d'excentricité. Il y a plusieurs haïku dans ce recueil qui nous permettent de le surprendre, en train de penser "à voix haute".

L’inconnu
qui me salue avec son chapeau :
chauve comme un œuf

Mon vieux pull marin
ce n’est pas encore le jour
pour te porter

La qualité globale qui ressort de ce recueil est l'humilité.

Par la fenêtre du bus
que j’ouvre pour saluer un ami :
première neige

Premières feuilles ~
avant de ratisser
je regarde le ciel bleu

Gilles Fabre est sans aucun doute un maître de ce style de haïku.




TRADUCTION DES COMMENTAIRES DE LA QUATRIEME DE COUVERTURE


‘… un haïkiste doté d'une extrême sensibilité, d'une compassion qui est une bénédiction.’
James W. Hackett

‘… De nos jours, le haïku est autant imaginaire que réaliste. Nous trouvons souvent quelque chose de neuf, de mystérieux et d'important dans notre vie quotidienne. Gilles Fabre capture sincèrement ce quelque chose dans ses haïku.’
‘… Il est indispensable d'avoir un moment qui comprenne ou suggère d'autres moments pour qu'un haïku soit excellent, comme celui-ci :
In this world / where people kill people / for the first time I kiss my son’
‘… Gilles Fabre nous montre silencieusement une vérité réaliste et comtemporaine de notre vie.’
Ban’ya Natsuishi ;  Co-fondateur & Directeur de World Haiku Association

‘La force de ce recueil réside dans l'innocence et l'honnêteté sans fards avec laquelle ces moments, qui sont des trésors sans (certains diraient) importance, sont paratgés. Il y a quelques fois une certaine ironie, mais tout est toujours traité avec une grande délicatesse. Comme Issa, Gilles Fabre s'adresse aux moutons et papillons, pissenlits et escargots, même aux pommes ou à son pull marin et trouve constamment une sorte de joie de vivre dans les aspects ordinaires de notre vie. Il faut un esprit d'une grande humilité pour célébrer ainsi la vie.’
David Cobb ; ancien Président de la British Haiku Society

‘… A la lecture de ces haïku, on réalise que le haïku est plus que de la poésie comme cela est simplement avancé dans l'avant-propos. Le haïku est un appel qui éveille pour vivre une vie plus intense avec un esprit ouvert.’
‘… L'atmosphère dans ces haïku, avec une certaine légèreté et un sens de l'humour discret, révèle lentement la vraie identité du haïku : la rencontre continue entre l'Homme et la Nature.’
‘…Après la lecture de ce recueil, un parfum émotionnel d'une destinée se laisse humer... La réussite de ce recueil réside également dans les grandes forces cosmiques de l'Univers qui se manifestent derrière les petits détails, les scènes banales que saisissent ces haïku.’
Alain Kervern

‘… Il a admirablement cultivé son propre style unique – un language qu'il serait trompeur de croire facile, un bon rythme avec chaque mot familier séparé mais tous les mots ensuite combinés et arrangés ensemble ; de la magie.’
‘… C'est la première ligne, et sa présence au début, qui fait tout de suite de ce haïku un poème original et universel :  it is everywhere / this morning’s spring wind. (Museum of Haiku Literature Award, Blithe Spirit, Journal of The British Haiku Society, Volume 7, Number 4)’
Susumu Takiguchi ; Président et Fondateur du World Haiku Club

‘… Je vis en Roumanie sur la côte de la Mer Noire où les cris des mouettes sont omniprésents dans la journée. Pour ces superbes poèmes, j'ai l'impression que tous ces moments se passent près de chez moi et que l'auteur a le pouvoir de voir tout le paysage avec les yeux d'un oiseau. Ce compagnon ailé - la mouette - donne le rythme de ces haïku réels, superbes de par sa présence.
Lecture hautement recommandée.’
Ion Codrescu ; Rédacteur en chef de la revue internationale de haïku Hermitage

‘… Ces haïku sont riches de par leur contenu et leur humeur ainsi que leurs angles de perception. Ses haïku possèdent également une robuste sensualité quelque fois difficile à détecter et expliquer au premier abord mais qui se dégage ensuite accompagnée d'un sentiment de joie.’
George Swede





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